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Le femme du peuple, une espèce différente?

27 mai 2010
Jardin des Plantes, amphithéâtre de paléontologie

Intervenant 1

Françoise Barret-Ducrocq
(Université Paris Diderot)
Historienne

Présentation

Chercher à comprendre, et non à décrire (ou à prescrire) ce que dans toutes les sociétés humaines on appelle une femme est une entreprise récente et restreinte. Dans les pays de l’ouest européen et plus spécifiquement en France et en Grande-Bretagne, on s’est bien posé cette question philosophique : «Qu’est-ce qu’une femme?». Mais cette belle interrogation, à l’évidence posée d’un extérieur masculin, dit surtout: «Comment peut-on être une femme?». A la fin du XVIIIe siècle, ce ne sont plus seulement les juristes, les prêtres, les écrivains, les artistes qui s’intéressent à « La Femme » en tant que sexe, mais de façon prépondérante et définitive, la science médicale. Elle va donner forme à une image biologique et sociale de «La Femme» absolument nouvelle qui acquerra immédiatement, en dépit des nombreux efforts pour la contester, un statut de vérité hégémonique.
Il y aura donc désormais La Femme, biologiquement définie. Et puis, déterminée par sa classe sociale, extraite de ce groupe avec lequel elle entretiendrait pourtant des caractéristiques communes, « La femme du peuple ». Pense-t- on à elle quand on évoque «La Femme»? Rien de moins sûr. Ce même vocable qui désigne prétendument « le sexe » biologique subit une métamorphose sémantique intéressante. Il cesse de servir de référentiel au même objet: ni dans sa morphologie, ni dans ses capacités physiques et psychiques, pour ne rien dire de ses sentiments moraux et sexuels, cette femme ne ressemble pas à  «La Femme». C’est cette incohérence ignorée par l’histoire que je propose de vous soumettre ici.

- Françoise Barret-Ducrocq, L’Amour sous Victoria, sexualité et classes populaires à Londres au XIXe siècle, Paris, Plon, 1989 ; traduit en anglais aux éditions Verso de Londres et Routledge de New York, 1991; puis publié en poche par Penguin/Viking en 1993.
- Françoise Barret-Ducrocq, Pauvreté, charité et morale à Londres au XIXe siècle, une sainte violence, Paris, PUF, 1991.

- Françoise Barret-Ducrocq, (avec Evelyne Pisier), Femmes en tête, Paris, Flammarion, 1997.
- Françoise Barret-Ducrocq, Le mouvement féministe anglais d’hier à aujourd’hui, Paris, Ellipses, 2000.
- Traductrice de l’anglais aux éditions Des Femmes de Sheila Rowbotham (Conscience des femmes, monde de l’homme,1976) et de Juliet Mitchell,(Psychanalyse et féminisme,1974, et Frères et sœurs, sur la piste de l’hystérie masculine, 2008).

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