L’invention et la fabrique des soins infirmiers (1854-1938)

Avec la pandémie de Covid 19, les infirmières semblent mieux considérées par la population française : difficile aujourd’hui de les ignorer... Mais on s’interroge : est-ce nouveau ? Faut-il des événements aussi graves pour que ce métier féminin soit reconnu et apprécié ?

La réponse à cette question se trouve en partie dans l’histoire (1850-1938). Cette période fut marquée par les difficiles et laborieuses conditions sociales d’exercice des soins aux malades d’où allait lentement émerger le métier d’infirmières. Le patriarcat, le genre, la religion catholique ainsi que les atermoiements des pouvoirs publics républicains furent des freins à la structuration de la profession.

Les changements qui s’imposèrent malgré tout furent dus à des influences étrangères (Grande-Bretagne et Amérique du Nord), à la guerre, aux progrès scientifiques, à la pugnacité des femmes qui furent à l’initiative de l’invention et de la fabrique du métier. Elles ont été des milliers d’anonymes, mais certaines sont très connues : l’Anglaise, Florence Nightingale (1820-1910), les Américaines, Lavinia Dock (1858-1956) et Mary Nutting (1858-1948) ainsi que les Françaises, Anna Hamilton (1864-1935) et Léonie Chaptal (1873-1937).

Malgré leur engagement et leurs luttes, et bien qu’elles aient obtenu en 1922, la création d’un diplôme d’État, elles durent rapidement admettre que leurs ambitions n’avaient pas été totalement honorées. Rien de spectaculaire n’intervint dans l’entre-deux-guerres et en 1945 tout est à reprendre.

Publications de Nicole Fouché :

• Nicole Fouché, Évelyne Diebolt (2011), Devenir infirmière en France, une histoire atlantique ? (1854-1938), Éd. Publibook, Paris, 337 p.
• Nicole Fouché, Europe/Amérique du Nord. Cinq siècle d’interactions, Paris, Armand Colin, 2008, 316 p. (avec la collaboration de Jacques Portes, Marie-Jeanne Rossignol et Cécile Vidal).
• Nicole Fouché « Le casework : circulation transatlantique et réception en France, 1870-1939 », Revue européenne d’histoire sociale, n° 11, juillet 2004, p. 21-35.
• Nicole Fouché « Anne Morgan, la lecture publique et la France. Le lent cheminement d’une influence culturelle américaine, 1917-1969 », Cahiers de l’Institut Charles‑V, n° 28, novembre 2000, p. 59-96.
• Nicole Fouché « Des Américaines protestantes à l’origine des University Women françaises, 1919-1964 », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, t. 146, mars 2000, 133-152).